Les Policiers d’Abidjan sont sans pitié pour les automobilistes qui ne sont pas en règle. Depuis quelques jours que la visite de mon véhicule n’est pas à jour, ils ne cessent pas de m’importuner lors des contrôles, en m’imposant de payer 10.000 francs ou 5000 au moins, à défaut de quoi je serais soumis à la lourde contravention. Djo, je donne leurs blés, excédé quand même quand au cours d’une journée je dois avoir affaire à trois postes de contrôle, ou plus.

-Autorité, pardon ! Tout à l’heure même au Carrefour La vie, j’ai donné quelque chose à votre collègue. Prenez deux krikas s’il vous plaît…

-Deux krikas, pour défaut de visite ? Tu te fous de qui ? Faut pas bien parler hein, quand on va te donner papillon c’est là tu vas comprendre ta douleur.

-Pardon Autorité. Moi-même j’ai déjà travaillé pour la Police Nationale. J’écrivais sur la page facebook de la DGPN, des histoires Policiers-Citoyens, servant à éduquer les civils et les corps habillés.

-Ah bon ? Donc tu es censé donner l’exemple et puis tu n’as pas visite ?

Les gomons ! Quand je suis irréprochable et qu’ils  m’arrêtent, je donne quand même pour eux, par sympathie. Mais quand, à l’inverse, je suis en infraction, ils me montrent qu’ils n’ont pas camarade et que c’est  »no pitié un bizness. » Leur affaire de jeton ! Ils sont devenus difficiles on dirait les flics Togolais.

Ce vendredi 7 octobre, j’ai préféré laisser ma Audi à la maison pour ne pas avoir à être ennuyé par des Policiers sur la route. Je prendrai le volant après avoir passé la visite. Il est 11 heures quand je monte dans un gbaka au niveau de Yopougon carrefour Antenne. Je dois transiter par Adjamé avant d’aller à Angré. Ma voisine du gbaka est une fille claire. Un clair bizarre du genre tcha là. Sa pommade a une odeur forte. Elle doit avoir frotté abondamment pommade ghanéenne. Il se trouve que depuis deux jours, j’ai contracté une toux grasse, que les trois médicaments que j’ai achetés n’ont pu m’en guérir. Mais ce matin, ça va un peu mieux… Cependant, ma toux a resurgi avec une fréquence vertigineuse, à côté de ma co-passagère. Elle se bouche le nez avec un kleenex chaque fois que je tousse la main sur la bouche. C’est si gênant que je fais un effort pour contenir mes expirations bruyantes. Elles éclatent quand même, attirant les regards bizarres de ma voisine de gbaka au teint tchatcho. Ah ces toux avec expectoration ! Tellement embarassantes ! Pour remonter à mes souvenir de l’école, en classe quand tu fais une telle toux, on dit que tu as  »cassé », dans les termes du jargon, et que tu es une bombe, une poubelle… En tout cas, ma voisine du gbaka a l’air de me voir en poubelle. Le gbaka est plein. Nous sommes en circulation, et elle n’en peut plus de mes bombes. Elle explose, avec cette plainte à mon endroit :

-Djo, mon frère ! Depuis-là tu ne fais que casser seulement. Doucement, ou bien ? J’espère que ce n’est pas tuberculose, hein ! Pardon faut pas me contaminer, hein !…

-Ma sœur, repliqué-je sereinement entre plusieurs « obus », quand je suis sorti ce matin mon état de la veille s’était nettement amélioré. Mais depuis que je me suis assis à côté de vous, ma toux s’est aggravé parce que je respire la pommade que vous avez frottéeet qui a une forte odeur indisposante de gaz lacrymogène ! Votre forte odeur a agressé mes narines…

-😳

Après ma réponse, cette fille effrontée est restée un peu plus tranquille. Quand je vais descendre, je vais essayer de boire une canette MAXFLY. Peut-être que la magie de cette boisson énergisante pourrait me guérir ?

Louis-César BANCÉ