Le pasteur ouvrit la porte à son énième visiteur. Ce dernier entra en souriant, un carton de vins en main. Dès qu’ils furent assis au salon, l’arrivant offrit son présent à son hôte en l’accompagnant d’une enveloppe :
– «Papa, j’ai fait une affaire qui a bien marché. Grâce à vos prières, j’ai eu un bénéfice d’1 million. Mais au lieu de 10℅ qui revient à la dîme comme vous nous l’avez dit, j’ai décidé de donner 50℅ à Dieu, pour lui dire merci et lui témoigner ma reconnaissance. »
Le pasteur jeta un coup d’œil dans l’enveloppe, toucha l’ensemble des billets montagneux, et sans les compter, déduisit intérieurement que le compte de 500.000 francs était bon :
– «Armel, tu es un très bon fils spirituel. Je prophétise que tes affaires te rapporteront cent fois plus. Sois béni. Merci aussi pour ce carton de vins de la marque LCB. C’est de la haute qualité, j’adore. Merci beaucoup. Ferme les yeux que je prie pour toi.»
Après une dizaine de minutes de prière et une autre de causerie, le visiteur se gratta la tête quand vint le moment de la séparation. L’homme de Dieu sentit que son fidèle était importuné :
– «Qu’y a-t-il ? lui demanda-t-il. Vide-toi. Tu as une doléance à me faire ? »
– « Euh… Oui papa. »
– «De quoi s’agit-il.»
– «Papa, j’ai un peu honte, mais je me lâche. Euh…il s’agit d’Edwige Akaffou…»
– «Edwige Akaffou… Celle qui chante à la chorale là ?»
– «Oui papa. »
– «Et qu’a-t-elle fait ?»
– «Papa, si vous pouviez faire quelque chose pour moi. Vraiment, je suis amoureux d’elle. Je pleure même pour elle dans mes rêves. Si jamais elle pouvait être ma fiancée.😭»
Le pasteur se caressa le menton. Et après un silence :
– «Tranquilise-toi mon fils. Tu es une très bonne âme. Je t’aime bien. Tu aimes Edwige Akaffou et tu veux être avec elle ? Laisse-moi faire.»
– «Merci papa, fit Armel plus décontracté. Mais…j’aimerais me confesser. »
– «Parle mon fils. Le seigneur t’écoute.»
– « Euh…je l’ai draguée, et elle a cassé mon cou. Elle m’a dit que je ne suis pas son genre, que je suis trop court et pas très beau. Papa, Edwige m’a aussi dit qu’elle sort actuellement avec Yohou, le maître de chœur. »
– «Quoi ? Mais je ne suis pas au courant ! Ils ne m’ont rien dit ! J’ai toujours interdit que des couples se forment au sein de l’église, dans mon dos, sans mon onction. »
– «Tout à fait papa…»
– Ce dimanche, on va régler ça…
***
Le dimanche, en pleine séance du culte le pasteur se mit à prier en langue. Soudain, il réclama le silence de l’assemblée qui l’imitait. Et d’une voix remplie de verve, il articula :
– «J’entends la voix du seigneur me parler. Elle est claire, insistante. Elle s’adresse à notre sœur Edwige Akaffou. »
Edwige Akaffou figea le regard vers l’autel, écoutant avec beaucoup d’attention :
– «Ma fille Edwige Akaffou, Dieu t’a trouvé un mari au sein de cette église. »
Le maître de chœur changea de position depuis son siège, mettant un pied l’un sur l’autre, les fesses relevées, le cœur battant à s’en rompre.
– «Oui Edwige Akaffou, poursuivit le guide spirituel, Dieu me dit que ton mari sur cette terre, c’est Armel Agbadji, fidèle exemplaire au sein même de notre communauté. Il est petit de taille, mais grand de cœur et d’une beauté dans l’âme…
Un pet s’échappa du pantalon de Yohou le maître de chœur. Malheureusement il avait oublié de mettre en extinction le micro qu’il tenait et le « POUHOU » résonna comme une bombe terroriste au sein de l’église…💨💨🤧
Louis-César BANCÉ