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AUGUSTIN BAYAKOUTÈTÉ : QUAND LA GROSSE TÊTE D’UN HOMME LUI SERT DE TEST ADN

AUGUSTIN BAYAKOUTÈTÉ : QUAND LA GROSSE TÊTE D’UN HOMME LUI SERT DE TEST ADN

Je m’appelle Augustin Bayakoutèté. Je vis en Côte d’Ivoire, dans une ville de l’intérieur du pays. Récemment, j’ai recueilli une jeune fille chez moi, pour que nous vivions en concubinage. Je l’ai fait malgré la désapprobation de mes parents qui m’ont fait savoir que Bintou, la femme que j’aimais, n’était pas sérieuse. Il paraît qu’elle avait servi tous les hommes de notre localité. Bah, c’est la rumeur qui se racontait, mais peu importe, moi j’aimais ma chérie, et l’essentiel était que nous nous vouons désormais amour et fidélité, le regard pointé vers l’avenir, sans tenir compte du passé de chacun d’entre nous. Car moi aussi, j’en avais quand même dévoré, une pléiade de femmes. Avant que certaines d’entre elles ne deviennent bien mûres, j’avais commencé à les croquer comme on le ferait pour une mangue non-mûre avec du sel. J’en connais parmi elles qui sont dans des foyers, heureuses auprès de leurs hommes. Tant pis si ma Bintou avait fait le tour du monde, moi aussi j’avais mes ex casées ailleurs, et c’était rassurant. C’est ça la vie d’aujourd’hui. L’ex d’un tiers est ta femme pendant que tes ex sont aussi les épouses d’autres d’hommes. Match nul.

En tout cas, moi Augustin Bayakoutèté, je m’en fichais pas mal de ce qui se racontait sur Bintou. Son expérience lui avait vraiment servi. J’étais comblé quand venait la nuit. Vous voyez ce que je veux dire…
                 
Mais vous savez quoi ? Je croyais pouvoir faire confiance à Bintou, mais beaucoup de choses continuaient à se murmurer dans la ville, de sorte que je ne savais plus où donner de la tête. Il se disait que Bintou fréquentait d’autres hommes, malgré qu’elle vivait sous mon toit. Vous voyez un peu mon humiliation si c’était avéré ? J’eus une conversation avec elle à propos, mais elle nia en vrac toutes les accusations dont elle était soupçonnée :

– «Tu es sûre que tu ne sors pas avec Vincent, le maçon ? Bintou, c’est ce qui se dit dans cette ville. Rien ne peut se cacher ici, tu sais…»

– «Bayakoutèté, tu m’imagines moi, Bintou, en train de te tromper alors que je vis chez toi ? Sacrilège ! Ne crois pas aux ON DIT, ils risquent d’avoir raison de notre relation.»
      
Deux jours seulement après ces échanges de mise au point avec ma femme, un indic anonyme me téléphona en me priant de me rendre immédiatement à l’intérieur d’une maison inachevée située dans un coin de la ville. Vite, je pris ma moto et me précipitai à l’endroit. Là-bas, en plein midi, je surpris ma doubéhi en plein ébats avec Vincent le maçon. Bintou me regarda avec ses yeux effarés dans sa position de deboukéhi en se demandant certainement comment j’avais pu deviner qu’elle était dans ce sale ghetto avec ce sale  »manawa » en train de faire de sales trucs.
              
Ce jour-là, elle ne rentra plus chez moi… J’appris plus tard que le maçon l’avait prise sous son toit.

Vous imaginez cette douleur que je ressentais ? Aimer une femme alors qu’elle nous a fait mal. C’est là où la haine se mêle à l’amour et nous détruit, nous consume. Je ne voulais plus entendre parler de Bintou. Elle le savait, et c’est pour cela que nous avions fait cinq mois sans plus jamais nous voir, ni communiquer, jusqu’à ce qu’un jour je reçoive son coup de fil. Elle m’annonça être enceinte de moi !

– «Bintou, tu es folle ? Ça fait cinq mois que nous ne sommes plus ensemble et qu’on ne se voit même pas ! Ton indécence et ta forfaiture sont donc sans limite ?»

– «Je suis désolée Bayakoutèté. Je crois avoir pris la grossesse pendant que nous étions ensemble. Ce n’est que dernièrement que j’ai appris mon état. Il n’y avait aucun signe apparent. Malgré le nombre de mois avancés, mon ventre est resté petit.»

– «Tu me fous la paix, ce n’est pas mon enfant. Faut voir Vincent le maçon ou tes autres gars. Et puis, on dit que tu habites chez Vincent non ?»

              
La nouvelle de la grossesse de Bintou se répandit comme une trainée de poudre. Dans la ville, on savait qu’elle me l’avait attribuée et que j’avais nié en être l’auteur. De qui se foutait-elle, cette  »pinhou » ? Enceinte de moi cinq mois après notre rupture ? Tous les habitants de la ville savaient que j’étais innocent…
         
             
Puis, le jour de l’accouchement de Bintou, un matin vers 11 heures, Vincent le maçon, passant devant mon domicile avec son vélo, m’alerta :

– «Bayakoutèté, je crois qu’il te faut aller à la maternité. J’y ai été. Ta femme a accouché. C’est vrai qu’elle vit avec moi, mais je dis bien ta femme a accouché. Je dis ça, et je ne dis plus rien.»
                   
Plusieurs personnes me dirent la même chose que mon cocufieur. Comment pouvaient-ils m’aborder avec autant d’assurance ?

               
Contre mon gré, je me rendis à la maternité à bord de ma moto. Bintou y avait donné naissance à une petite fille ayant une tête énorme comme une pastèque. En plus, elle était née chauve. Je l’étais également. Je regardai le bébé. Sa tête était plus qu’un test ADN. J’étais le seul dans le village à avoir une tête aussi grosse. Il ne faisait aucun doute que l’enfant était le mien. Seulement je me demandais par quel miracle après cinq mois après une rupture Bintou pouvait-elle prendre une grossesse de moi…🤔

– «Je t’avais dit que c’était ton enfant, tu as vu maintenant, me dit la nouvelle nourrice en me souriant pendant que le bébé pleurait en me tendant ses petites mains de poupée. J’espère que sa venue au monde pourra nous réconcilier de sorte qu’on forme une famille heureuse, car je t’aime toujours mon Bayakoutèté…»

Louis-César BANCÉ
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