Cela faisait plus de dix fois qu’Amara était envoyé en justice pour un délit de vol. Récidiviste notoire devant la société et le parquet, les magistrats ne savaient plus quoi en faire, la MACA semblant devenue pour lui une maison de caresse. La présidente du jury le regarda avec amertume, et lui demanda, excédée :
– Amara, douze fois condamné pour vol. La dernière fois tu as dit que tu n’allais plus recommencer. Qu’est-ce qui s’est passé et puis tu as récidivé ?
– Madame la juge, walaye j’étais soulé. C’est ça qui a détourné mon esprit.
– Amara, à part voler, que sais-tu faire bien d’autre dans la vie ?
– À part voler, ce que je sais faire ? Madame je mougou très mal ! Je suis un champion dans maplôrly. Walaye que mon « un coup » dure une heure ! Gardes pénitentiaires même est au courant ! Quand on m’envoie en kaba comme ça et puis elles me voient façon elles sont enjaillées ! Elles savent que leur digba wano est assuré. Le jour qu’on me libère elles sont en deuil…
– 😳

              
La juge regarda le prévenu avec de gros yeux. Elle le réprimanda avant de le condamner à 6 mois de prison ainsi qu’à 10 ans de privation de droits.

          
La même nuit, madame la juge, de la toge au pyjama, était couchée avec son mari, dans leur grande villa. C’était un ministre de la république, un homme politique très connu dans le pays. Ils s’embrassèrent sous les draps, puis l’époux fit un « djôli », un « tchrôly ». Mais, en cinq secondes déjà, comme à ses habitudes, il avait éjaculé. La magistrate gronda, ragea, harassée :
– Oh non, mince ! Quelle misère ! J’aurais voulu que tu aies les mêmes qualités qu’un voleur, que j’ai jugé aujourd’hui…
– Un voleur avec des qualités ? Je doute qu’il soit plus compétent que moi. Tu sais très bien combien j’ai dans mon compte en banque !

Louis-César BANCÉ