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CE PIÈGE QUE J’AI VOULU TENDRE À MON EX

CE PIÈGE QUE J’AI VOULU TENDRE À MON EX

Je pense avoir gardé de bons rapports avec mon ex. Elle est mariée aujourd’hui. Tandis que moi je suis encore célibataire. Invité à son mariage, je me souviens lui avoir offert une carte dans laquelle je lui avais formulé mes vœux : « Je te souhaite tout le bonheur du monde, Katy. Heureux ménage. Et que ton époux te rende la plus heureuse du monde. »

À dire vrai, ma carte de vœu allait totalement à l’opposé des vrais sentiments qui m’animaient. En mon for intérieure, je ne voulais pas que mon ex connaisse le bonheur. J’espérais encore hanter sa vie. Vivre dans ses rêves et ses nuits, la tordre de douleurs de regret et de nostalgie. Je ne souhaitais aucunement qu’elle trouvât un homme mieux que moi. Dans mes prières, mon successeur devrait être le plus moche des créatures. Cependant, la réalité qui se présentait à moi semblait être toute autre : le mari de mon ex avait une certaine carrure, une prestance. J’en étais jaloux. Riche et bel homme, je désavouais le destin d’avoir donné à Katy un époux aussi élégant. Ils se souriaient, riaient, s’embrassaient sans cesse. Leur joie de vivre m’irritait.

Katy ne pouvait pas me dire qu’elle m’avait oublié ! De si tôt. Aussi facilement. Même si elle était mariée. Nous avons partagé des moments si intenses. Des souvenirs d’amour indélébiles. Les querelles qui avaient fini par avoir raison de notre relation ne pouvaient être un prétexte d’amnésie à nos jours d’été.

La gâchette facile quant à porter main à la femme, j’avais battu Katy quand nous étions ensemble. À maintes reprises. J’aimais cela. Ma copine me disait avoir horreur qu’on la frappât. Mais j’en faisais à ma tête. Et une nuit elle me prit en flagrant délit d’infidélité. Elle avait souffert de mon acte. Par amour, elle daigna me pardonner et poursuivre sa relation avec moi. Les jours se succédèrent et la tromper était devenu tel un jeu pour moi. Plusieurs fois elle m’avait surpris. Jusqu’à ce qu’un soir, n’en pouvant plus, elle me claqua la porte. Je crus au début que sa rupture était une plaisanterie. Je m’aperçus qu’elle était définitive. Recroquevillé dans mon orgueil et ma fierté, je refusais de fléchir genoux pour demander son indulgence. Un matin, elle m’apporta une carte d’invitation. Wahou. Elle se mariait ! Quel affront ! Quelle audace !

Le jour de ses noces, rempli d’aigreur, je pris part aux différentes cérémonies. Je lui avais souri comme un ange alors qu’en réalité des démons s’étaient chosifiés en mes dents.

Pourquoi me torturer. Pendant que mon ex se montrait toute épanouie dans sa nouvelle vie. D’ailleurs, si elle m’avait invité, n’était-ce pas pour me signifier ceci : « Sans rancune, Cesar. On reste de bons amis ! » D’accord, pourquoi pas.

Mais vous savez, à ses noces de coton, Katy m’envoya encore une invitation. Son mari et elle organisaient une fête à l’intérieur de leur villa. Pourquoi une fanfare pour à peine un an de mariage ? Pourquoi m’inviter, moi son ex ? Elle l’avait fait pour son mariage et voilà qu’elle récidivait pour le premier anniversaire. Si ce n’était pas de la provocation je ne sais pas ce qu’elle cherchait d’autre. Tiens, peut-être était-elle encore amoureuse de moi ? À bien y réfléchir, il s’agissait vraiment de cela. Elle ne pouvait m’oublier. Je vous l’avait dit. Dix années de relation entre elle et moi, ce n’était pas ces cinquante deux semaines qu’elle avait passées avec son mari. Noce de coton. Trop faible, cette pacotille d’or blanc. Ôkpô ! Nous valions bien mieux avec notre concubinage d’étain.

J’avais fini par comprendre les signaux de Katy. Elle n’était pas heureuse et n’attendait plus que moi. Il suffisait seulement que je lui dise un mot pour qu’elle brisât son foyer à mon avantage. Étais-je prêt à l’aimer à nouveau ? Pas aussi sincèrement qu’on le croirait. Dans ma petite tête, comme le serpent dans le jardin d’Eden, je voulais lui faire miroiter l’amour afin de détruire son mariage. Quand son mari apprendrait que c’est une femme infidèle, il la répudierait de leur jardin comme une chienne galeuse et elle n’aura que ses yeux pour pleurer. Mon ex ne devrait aucunement être heureuse. J’étais motivé à œuvrer dans ce sens. C’est pour cela que, le soir de la réception de ses noces de coton, profitant de ce que tous ses invités étaient occupés à boire, je demandai à lui parler en privé.

  • Tu veux me parler en privé ? Mais pourquoi César. On est bien au salon non ? N’oublie pas que mon mari est là et qu’il n’aimerait pas que je m’éloigne trop de lui.
  • Juste un moment Katy. Allons dans ton jardin s’il te plaît. C’est important, ce que j’ai à te dire.

Je n’avais pas trop insisté. Elle avait accepté assez facilement un tête à tête dans son immense jardin. Je vous avais dit qu’elle était follement amoureuse de moi. Vous allez voir comment elle va céder à mes avances.

Nous étions au milieu des fleurs. Loin du regard inquisiteur des convives. Que l’espace était grand ! Un domaine ! Le contraste avec ma petite demeure à moi. Humm, mon ex ne méritait pas pareil paradis…

  • Tu voulais me parler en privé, César. Vas-y, je t’écoute.
    Avec une voix solennelle, je m’introduisis :
  • Katy, tu sais que nous nous connaissons depuis très longtemps. Bien avant même que tu ne rencontres ton mari. Nous nous sommes aimés pendant dix ans…

Les aboiements d’un chien interrompit mon plaidoyer. L’animal, un berger allemand, se tenait devant nous, les yeux dirigés vers moi et harcelant de toute sa gueule.

  • Doux, doux, César, fit Katy en caressant la tête du clébard. Qu’y a-t-il ? Pourquoi tu fais le méchant ? Doux doux César. Retourne dans ta cage maintenant. Okay ?

Dissuadé par sa maîtresse, le chien s’en retourna docilement en remuant la queue. J’étais à nouveau seul avec mon ex, au milieu du silence des chlorophylles. Cependant, j’étais pris d’effroi et de tourment. J’avais perdu de mon assurance. Katy avait osé nommer son chien César. Parmi la multitude de noms pour animaux qu’elle aurait pu se trouver, pourquoi était-ce sur mon prénom qu’elle avait penché ? Je lisais dans ses yeux malicieux la satisfaction qui était la sienne. Elle savait qu’elle venait de m’administrer un coup de massue. Je ne lui avais rien demandé. Pourtant elle s’aventura à apporter une sorte de justificatif :

  • Pourquoi tu fais cette tête César ? Oh, ce n’est rien d’autre qu’un nom donné à un chien. J’ai toujours trouvé ce nom sexy pour la gueule des chiens. Bref. Nous en étions où. Tu me disais que nous nous étions aimés pendant dix ans…

À présent que je savais que toutes ces invitations de Katy étaient en réalité pour me narguer et qu’elle me vouait une haine sans précédente, je refusais de me faire prendre dans le piège d’une deuxième opprobre :

  • Oui, je disais que nous nous sommes aimés depuis dix ans et que je reconnais avoir été un véritable chien dans ta vie. J’ai tenu à te le confesser.
  • Merci César. C’est pour ça que tu m’as traînée jusqu’ici ? On peut maintenant rejoindre les autres ?
  • Oui… Par ailleurs, sache que je suis content de ton bonheur. J’apprécie beaucoup ton époux. On a pas besoin de le fréquenter pour savoir que c’est quelqu’un de bien. Je bénis votre relation avec toute mon âme. Félicitations Katy. Joyeuses noces de coton !

Nous entendîmes les lointains aboiements du chien. Katy murmura avec austérité sans que je susse auquel des César elle adressait ses ordres : « Orrrh ! la ferme César ! Ferme ta gueule ! »

Louis-César BANCÉ

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