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COMMENT LE CACHE-NEZ M’A SAUVÉ D’UN ASSASSINAT PROGRAMMÉ

COMMENT LE CACHE-NEZ M’A SAUVÉ D’UN ASSASSINAT PROGRAMMÉ

Pour lutter contre la propagation de la covid-19, le gouvernement ivoirien a demandé aux populations de marcher conformément aux mesures de protection qu’il leur a établi, à savoir la distanciation, le lavage des mains et le port du masque ou cache-nez. J’ai toujours eu moi, un problème avec le cache-nez. Je le porte seulement qu’en cas de contrainte, généralement quand on me l’impose avant l’accès à un supermarché, un transport en commun ou tout autre endroit public.
              
Je trouve que le cache-nez empêche de respirer convenablement. On dit qu’il protège du coronavirus, mais j’ai vécu une expérience où il m’a plutôt sauvé d’un assassinat. Eh oui, sans le cache-nez, je ne crois pas que je serais vivant aujourd’hui, à vous narrer mon histoire.

                                        *
Je vivais à Abobo, commune populaire de la ville d’Abidjan, plus précisément au quartier Kennedy. J’avais de bons rapports avec le voisinage, dans la cour commune où j’habitais. En janvier 2020, j’eus de graves problèmes financiers au point où je n’arrivais plus à manger à ma faim. Au bord de l’agonie, je sollicitai l’aide de Vazoumana, l’un de mes voisins qui n’avait pas du tout bonne presse dans le quartier. Les commérages disaient que son argent découlait du milieu des stupéfiants. Peu importe ! L’homme se montra gentil avec moi, compatissant à mon affliction, en me faisant un prêt de 300.000 francs, pour que je puisse entreprendre et lui rembourser dans un délai de deux mois. J’étais vraiment surpris d’une telle générosité qui me permit de retrouver l’équilibre dans ma vie, à travers l’investissement que je fis dans un commerce. Deux mois après l’entame de mes activités, Vazoumana frappa un soir à ma porte pour demander son dû. Je lui dis de patienter encore quelques jours. À vrai dire, c’était douloureux pour moi de soustraire 300.000 francs de mon argent et le lui donner, surtout que ça me laisserait un gros trou dans mes affaires ascendantes. Peu de temps plus tard, mon créancier revint encore à la rescousse, en se montrant beaucoup trop collant, gênant tel un pou. Comme il insistait, j’organisai subtilement mon déménagement, en m’installant dans un ghetto de Port-Bouët, très loin d’Abobo, afin qu’il ne puisse jamais me retrouver. Il m’appela au téléphone le jour-même qu’il se rendit compte que j’avais laissé les clefs de mon ex domicile sur la pointe des pieds :
– Lassina, qu’est-ce qui se passe je ne comprends pas. Le propriétaire vient de m’informer que tu es parti de la cour ?
– Oui Vazoumana. Mais on garde le contact, okay ?
– Comment tu peux déménager sans me mettre au courant sachant que tu me dois de l’argent ?
– Ahi, Vazoumana, quel problème as-tu ? Parce que je te dois je n’ai pas droit au déménagement ?
– Je n’ai pas dit ça, mais au moins tu aurais pu m’informer, pour que je sois rassuré. Mais là, ta façon de procéder me fait plutôt penser à une fuite, une fugue. Je ne suis pas très serein du tout. Tu habites où. On peut se voir demain ?
– Tu n’as pas à avoir peur. Je sais que je te dois mais je n’ai pas dit que je ne paye pas. D’ailleurs je ne suis pas loin de toi, juste du côté d’Anyama. D’accord appelle-moi demain, je te dirai si c’est possible qu’on se voie.

Vazoumana m’appela le lendemain mais je lui donnai une fausse excuse pour avorter notre entrevue. Des jours après, comme je le faisais toujours tourner en bourrique, il se mit à m’envoyer des tas de messages de menaces auxquels je répondais tout aussi nerveusement. Est-ce que c’est forcé de rembourser crédit ? Pff ! Laissez-nous respirer là !
              
J’attendais encore un peu de temps avant de changer définitivement de numéro afin que mon créancier ne puisse plus m’importuner. Au fur à mesure, je donnais mon nouveau contact à mes clients habitués à me joindre sur celui que je comptais abandonner à cause de mon harceleur. Ce dernier ne cessait de m’envoyer des SMS du genre : « Lassina, sache que c’est toujours pour le voleur mais un seul jour pour le policier. Je t’ai rendu service, et en retour tu t’es foutu de moi. Sache qu’on ne me fait pas ça. Si tu savais vraiment qui je suis, tu n’allais pas te mettre dans ça. Quand je dis aux gens que j’ai fait crédit à mon voisin, eux-mêmes ils sont surpris, parce qu’ils savent le milieu impitoyable dans lequel je travaille. À part les corps habillés, les civiles comme nous se promènent avec feu. Tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que le jour que je te vois, je t’abats ! »

Je répondais aux messages de mon ex voisin en lui disant qu’il ne m’effrayait pas. Au fond de moi cependant, je tenais à carreau, ne souhaitant croiser sa route pour rien au monde. Il me demandait si je savais qui il était. À Abobo on parlait de lui comme quelqu’un de peu orthodoxe qui trouvait son argent dans des affaires noires. Des crimes lui étaient même imputés. Derrière son calme apparent se cachait un dangereux personnage, et ça, je le savais. Refusant de décrocher ses appels, bientôt je me débarrassai du numéro qu’il connaissait, pour ne plus être dérangé.

Je bossais paisiblement dans ma nouvelle commune de résidence, essayant de tenir le coup avec la situation de la covid-19 qui sévissait depuis le mois de mars. L’après-midi du 12 juin, voulant entrer dans une cave pour me désaltérer un peu, je fus forcé par les tenanciers du cadre de porter un cache-nez avant d’avoir accès à une table. Avec beaucoup de mécontentement, j’achetai mon masque avec une petite vendeuse qui traînait dans le coin, puis m’installai. Je commandai ensuite des rafraichissements, en décalant mon cache-nez à chaque fois que je voulais porter le verre à ma bouche. C’était vraiment ridicule de boire de cette façon. Je ne sais pas pourquoi on tenait tant à nous laisser dans cette posture bizarre. Figurez-vous que c’est justement cette tenue qui m’a sauvé d’un accident dramatique. En effet, pendant que je consommais ma boisson, Vazoumana, mon ex voisin d’Abobo à qui je dois de l’argent, entra dans la cave. Mon cœur marqua un arrêt dans ma poitrine quand nos regards se croisèrent…

Bizarrement, mon ex voisin d’habitation s’assit sur la table en face de moi, accompagné d’un jeune homme, comme si de rien n’était. Vazoumana ne portait pas de cache-nez, au contraire de son compagnon, je ne sais trop pourquoi. Pendant une quinzaine de minutes nous nous faisions face, à un intervalle de deux mètres à peu près. Je l’entendis même parler à son interlocuteur de l’affaire qui nous liait. Il promettait de me tuer le jour qu’il me verrait. Pourtant, j’étais devant lui sans qu’il ne sache que c’était moi… Il régla même son addition plus tard, en sortant du maquis avec son ami, sans m’accorder le moindre intérêt. Incroyable, paati !

Après son départ, je restai encore assis, tremblotant, pendant une dizaine de minutes, avant de m’éclipser. Vazoumana avait croisé mon regard dans cette cave éclairée, en pleine journée, sans me reconnaître. Je devais mon salut à mon masque !

Voici comment le cache-nez me sauva d’un règlement de compte programmé, en me rendant méconnaissable, inidentifiable aux yeux d’un créancier pernicieux qui avait promis de me faire la peau. Eh oui, le masque ne protège pas que du coronavirus, j’en sais quelque chose, il nous protège aussi de ceux à qui nous devons de l’argent.😉

Louis-César BANCÉ

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