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COMMENT UNE MENDIANTE M’A SORTI DE SITUATION

COMMENT UNE MENDIANTE M’A SORTI DE SITUATION

En route, j’ai heurté un dos-d’âne. Le filtre à essence de ma voiture s’est cassé et toute l’essence s’est versée. Pourtant j’avais fait le plein pour rallier le Gbêkê. Voilà, je n’ai plus de quoi assurer mon transport.😭

  La panne m’a pris dans un village de Yakro, non loin d’un restaurant de fortune en pleine campagne. Je m’y assoeis pour mettre un peu de carburant dans l’estomac, anxieux, pensant à comment solutionner mon problème. Un mécanicien ? Faut même pas y penser. Comment pourrais-je le payer ? Je n’ai pas grand chose. En plus, ils sont introuvables par ici comme de l’eau dans un désert. Je suis assis dans le restaurant en plein air, où la bonne dame prépare dans un four en terre rouge. On me sert du foutou accompagné de sauce graine, avec deux grosses viandes. Tout ça, pour 500 francs seulement. Senteurs naturelles. Le plat est beaucoup trop succulent pour son prix. À Abidjan, au Plateau, on ne mangerait pas mieux contre 3000 francs.

 Pendant que j’ai la tête dans mon assiette, une vieille femme s’approche de moi :
– Mon fils, j’ai faim, tu pourrais me donner un peu à manger ? me supplie-t-elle.

 Elle a l’air d’une folle, pas inconnue de la restauratrice et de ces quelques clients à table. Je m’interroge. Je n’ai pas envie de rendre service à quelqu’un dont c’est le travail de faire la manche, à longueur de journée. En plus mon véhicule est garé là, et vous savez mon problème. Tiens, comme je ne réagis pas, la quemandeuse se penche vers la tenante du restau. Cette dernière ne répond pas favorablement :
– Aujourd’hui là je ne pourrai pas te donner à manger, Akissi. Ça n’a pas marché.
– Madame, offrez-lui tout ce qu’elle désire, decidé-je tout d’un coup.

     Grâce à moi, Akissi s’est bien régalée. Elle s’est même sucé les doigts. Assise en face de moi, elle me demande :

– Tu n’es pas de Yakro, ça se voit. Tu viens d’où ?
– D’Abidjan maman.
– Et tu vas où ?
– À Bouaké… Mais je ne pourrai plus.
– Pourquoi ?
– Tout mon carburant a coulé en cours de route. Je n’ai aucune réserve financière non plus. Je suis vraiment dans de sales draps…

   La vieille femme m’observe silencieusement, puis reprend :
– Tu veux partir maintenant ?
– Je ne pourrai pas, je vous ai dit…
– Je veux savoir si tu es prêt à partir. Parce que ça ira très vite…

Je ne sais pas où Akissi veut en venir. Elle me traîne vers ma voiture. Au restaurant, on nous regarde sans rien dire.

– Monte, et mets la main sur ton volant ! m’ordonne la vieille dame.
       
Je m’éxécute. Elle se tient debout devant ma fenêtre :
– Je te préviens que ça ira très vite.Tiens ça ! Mâche-le, et prononce cette phrase en fermant les yeux : « Moulé ta kounh lékoun Bouaké lôlô hwan ! »

  Je mâche la cola que m’a donnée Akissi et reprends fidèlement ses mots ambigus, les yeux éteints. Je ne sais pas comment ça se fait, mais en une fraction de seconde, j’ai les yeux ouverts, me tenant devant mon véhicule, à Bouaké, avec mon filtre à essence réparé ! Quel miracle ! Ayant du mal à en revenir, je me renseigne auprès de quelques passants, et ils me disent tous à l’unanimité, en me dévisageant curieusement :

« Oui, ici c’est bien Bouaké ! »

Louis-César BANCÉ

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