Un soir d’août 2019, Jean-Noël Savadogo, jeune médecin au CHU de Treichville, se rend à la gare de Bassam après le boulot, comme d’accoutumée, afin d’emprunter un gbaka pour Yopougon, sa commune de résidence. Au cours du trajet, il a pour voisine une charmante jeune fille dont le parfum ne le laisse pas indifférent. Il la regarde furtivement, plein d’admiration, sans oser lui dire le moindre mot. Puis, quand ils arrivent à Siporex, le terminus des stations, ils descendent et empruntent un autre gbaka où ils se retrouvent encore assis curieusement l’un à côté de l’autre. Deux fois voisins au cours de la même journée !
Au niveau du carrefour CHU-LCB, les deux voisins du gbaka descendent ensemble et cheminent distinctement. C’est alors que Jean-Noël observe les gestes de la belle fille avec qui il était assis tantôt. Elle semble hésitante sur sa destination. Il se précipite vers elle et engage la conversation :

• «Je peux vous aider, mademoiselle ?» La mademoiselle reconnait son voisin de voyage. En effet, elle ne connait pas bien le quartier. Elle lui explique alors l’endroit où elle voudrait se rendre, et ce dernier la renseigne. Elle le remercie et le regarde s’en aller… Un gentil jeune homme qu’elle ne reverrait sans doute plus. Il ne lui a pas demandé son numéro… Une fois à la maison, Jean-Noël Savadogo dont l’image de la voisine du gbaka est restée indélébile dans son esprit, fait le récit de sa rencontre à son grand frère en lui disant avec une assurance hors norme :

« Je viens de rencontrer la femme de ma vie. »

• «Tu as pris son numéro de téléphone au moins ? s’enquiert le confident, dubitatif. »
• «Non, je n’ai pas pris son numéro, répond le cadet, pensif.»

-« Et comment tu peux être certain qu’elle sera ta femme puisque tu n’as même pas pris son numéro ? Drôle ! ricane l’aîné. »

• «Au fait, je suis persuadé que je la reverrais… Deux semaines après, comme si Jean-Noël est un devin, il rencontre à nouveau la fille qui a été sa voisine quatorze jours plus tôt. Ironie du sort, ils sont encore voisins dans un gbaka, en route pour Treichville, en un début de matinée. Au cours du trajet, peu avant d’arriver à destination, l’apprenti-gbaka fait part à tous les passagers de son intention de regrouper certains d’entre eux en association, afin qu’au sol, ils se débrouillent eux-mêmes dans le départage des monnaies. Jean-Noël, qui a horreur des associations, ne cache pas sa colère. Cependant, il devient plus calme quand il se retrouve associé à sa fameuse voisine dont il paie en même temps le transport, sans rien lui réclamer, en vrai gentleman. En foulant ensemble le goudron du Terminus, le jeune médecin aborde sa voisine, et empoche enfin son numéro de téléphone. Le soir à la maison, relatant sa journée à son frère, il lui dira : « La jeune fille du gbaka, tu t’en souviens ? Je t’avais dit que je la reverrais ! Nous avons été voisins aujourd’hui dans le même véhicule. Elle s’appelle Divine-Grâce. Cette fois, j’ai son numéro ! » Jean-Noël et Divine-Grâce conversent au quotidien et ne tardent pas à devenir un couple amoureux, comme s’ils sont prédestinés. Après quelques mois de relation, le jeune médecin s’envole pour le Burkina Faso, pour un séjour d’un an, non sans promettre à sa dulcinée qu’il reviendrait à Abidjan, et que ce serait immédiatement pour l’épouser. Divine-Grâce patiente, patiente… Douze mois, ce n’est pas douze jours. Au retour de son chéri du pays des hommes intègres, leurs deux familles les célèbrent au cours d’une cérémonie de dot qui a lieu le 16 septembre 2021. Neuf jours plus tard, le 25 septembre 2021, ils se marient légalement, à la mairie de Cocody, comme dans un conte de fée. Ce qui est frappant dans leur belle histoire d’amour, c’est la persuasion de Jean-Noël à avoir vu en Divine-Grâce la femme de sa vie, dès la première rencontre, dès les premiers regards…

Louis-César BANCÉ

( D’après une histoire vraie bâtie à partir du témoignage des mariés. )