Hassane H., ressortissant nigérien né en 1978, est vendeur de poulets de profession, dans la commune de Yopougon, en Côte d’Ivoire. Depuis 16 mois, il s’approvisionne en volailles chez Kouakou, l’ivoirien grossiste. La collaboration se passe bien jusqu’à ce qu’en Octobre 2020, Hassane H., après avoir pris 2.000 poulets avec son fournisseur grâce au système de dépôt-vente, ne parvient pas à payer sa dette qui s’élève à 3.740.000 francs. Interrogé par le juge au tribunal le 8 janvier où il est passé en jugement, le vendeur de poulets s’est justifié :

• C’est la période de la crise pendant l’élection présidentielle qui m’a fatigué.
• Mais qu’est qu’il y a eu pendant l’élection présidentielle pour que vous n’arriviez pas à payer l’argent de votre grossiste ? demande la juge. Pendant cette période, nous-mêmes on était au palais, et on a jugé, on a travaillé.

Hassane H. ajoute qu’il a vendu les poulets à des clients qui ne lui ont pas versé l’argent du fait des troubles lors de la présidentielle. Il souhaiterait être libéré, lui qui a été placé sous mandat de dépôt le 30 Décembre, afin de continuer à travailler pour rembourser progressivement sa dette. Il précise même qu’il a eu à éponger une partie de l’argent et qu’il reste à payer au plaignant un peu moins que le point initial.

Après avoir écouté les deux parties, le tribunal requalifie le délit pour lequel Hassan H. est jugé, trouvant incongru l’argument de la crise électorale pour justifier la non-entrée des ventes. D’abus de confiance, le prévenu passe au grade d’escroquerie, écopant de 24 mois d’emprisonnement, 300.000 francs d’amende, 3.650.000 francs à payer au plaignant.

Une communauté nigérienne d’une quinzaine de personnes étaient présentes au procès, et ils ont tous quitté la salle dans le silence après la sentence de leur compatriote. À moins qu’ils ne s’associent pour lui venir en aide, Hassane H. passera 2 ans en prison.

Vous voyez, si vous vous étiez contenté d’être titrologue, vous auriez pensé qu’il s’agit d’Hayek Hassan hein ! Voici l’importance de la lecture… Ivoiriens, Africains, lisez oh !

Louis-César BANCÉ