Martin Tanguy et moi étions amis sur Facebook, mais ne conversions pas. Je voyais juste ses belles photos dans mon fil d’actualité en parcourant quelques fois ses commentaires. On l’y appelait docteur… Docteur en quoi ? Je ne le savais pas. Ce qui était connu, c’est qu’il était beau et toujours élégamment vêtu. J’étais belle, moi aussi, si bien qu’à la moindre photo de moi que je publiais, c’était un déferlement de likes en cœur et des messages élogieux. Je m’en délectais. C’était joussif et jetait de la pâture sur la confiance en soi. Un jour de mon anniversaire, Martin a réagi à ma photo, pour la première fois depuis des années que nous étions amis virtuels. Il me souhaita du bonheur. Je l’en remerciai, heureuse de le lire sur mon mur, trouvant son intervention évènementielle. Il me fit savoir qu’il avait un message privé pour moi. Je me précipitai sur Messenger pour le lire : « ton numéro e-money. Je tiens à te faire un petit geste pour ton HBD. »
Élégante manière de demander le téléphone d’une femme. Ce vendredi-là, Martin m’a fait un transfert de 200.000 francs. Nous avons continué à bavarder en soirée, et les choses sont allées naturellement. Le lendemain, 21 heures, j’étais dans un jardin hôtelier avec mon gentleman. Nous ne bavardions pas sur Facebook mais avions l’air de nous connaître depuis des lustres à cause de nos photos que nous voyions fréquemment. Il était sympa. Pourquoi avoir tant attendu pour m’aborder ? Ce samedi-là, en bordure de piscine, nous avons bu du champagne et goûté à deux un gâteau d’anniversaire qu’il m’a fait apporter en surprise. Les garçons de l’hôtel ont bien aimé le terminer. Puis nous sommes allés danser un peu dans le bar. Je me plaisais dans les bras de mon docteur en Sciences-politique. C’est ce qu’il m’avait dit être au cours de notre conversation. Il me baisait l’oreille quand nous dansions. Puis, je ne sais pas comment les péripéties se firent, mais nous montions dans une chambre du palace où Martin me fit l’amour jusqu’au matin, par quatre fois. Quelle énergie ! Il avait vraiment assuré de sorte que je n’éprouvai aucun regret de m’être donné à lui de façon précoce. Il en avait une bien bonne dans la culotte ! Le lendemain mon docteur me remit une bague dont il me dit être en or et de grande valeur :
– Veux-tu m’épouser ?
– Quoi ? Mais tu blagues !
– Je suis sérieux ! Je t’ai toujours aimée sur Facebook. Timide, je n’avais pas osé. C’est possible de connaître sa femme dès le premier dialogue. Je ne doute pas que c’était toi que j’attendais.
Ces déclarations romantiques de mon amoureux ravivèrent notre désir l’un pour l’autre si bien qu’il entra à nouveau en moi avant que nous ne descendîmes les escaliers. À la salle de réception, au moment de payer la facture, Martin se rendit compte que son téléphone était égaré. Il fouilla partout et ne le trouva nulle part. L’objet précieux avait dû tomber dans le bar et être emporté par un malhonnête… Mon homme était embarrassé. C’était avec son portable qu’il voulait régler la facture du séjour.
– Je suis désolée chéri, lui dis-je. Mais j’ai de l’argent dans mon compte orange. Je pourrais m’en occuper…
– Ça me gêne, Laury. Mais juste le temps d’aller à l’agence récupérer ma puce, je te rembourserai les heures qui viennent.
Je payai 320.000 francs à la caisse, par transfert. Mon fiancé me déposa ensuite chez moi à bord de sa belle voiture climatisée. J’avais trouvé l’amour de ma vie grâce à Facebook… C’est du moins ce que je croyais. Cependant, non seulement Martin ne m’appela plus, et en sus, il n’avait pas remboursé l’argent qu’il m’avait emprunté, mettant mon numéro sur liste noire. Aloko sur le foutou, la bague qu’il m’avait offerte avait noirci comme du charbon. Ouais, le gars, il m’avait baisée deux fois !😭😭 Deux ans après, nous ne nous parlons toujours pas. Je l’ai bloqué sur Facebook en l’épiant avec un avatar. Il continue de poster ses belles photos, tout de costume vêtu, en souriant comme si c’est un bon type. Maudia !😭
Louis-César BANCÉ
Audi TT99