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LE COQ DE MON VOISIN SE TAPE TOUTES LES POULES DU QUARTIER COMME SON PROPRIÉTAIRE DON JUAN

LE COQ DE MON VOISIN SE TAPE TOUTES LES POULES DU QUARTIER COMME SON PROPRIÉTAIRE DON JUAN

    Mon voisin a un coq. Devenu robuste depuis des années qu’il est là, il ne manque pas de nous servir de réveil avec ses sempiternels cocoricos matinaux.
   J’aime la voix de stentor hautement perchée du coq de mon voisin. Il m’arrive de le voir debout sur ses deux pattes, devant sa basse-cour, guettant le passage des poules et bondissant sur elles pour prendre son pied. De force. Sans négocier. Les poules du quartier, semblant apprécier les assauts de ce vieux coq, viennent délibérément se prostituer à lui,  comme si c’était lui le seul mâle des environs. Curieusement, ce célèbre coq est à l’image de son propriétaire. Mon voisin est en effet un coureur de jupons. Tirant sur tout ce qui bouge, il relève du miracle de le voir accompagné de la même fille deux week-ends de suite. Il se tape les femmes comme on changerait de vêtements. Comme son coq.

Le coq de mon voisin devenait de plus en plus dodu, bon à être rôti. Pourquoi ne le devorait-il pas ? Combien de premier Janvier avait chanté et célébré ce coq vedette ? Je ne sais plus. Viril et âgé, il m’avait l’air que ce gros oiseau était le faire-valoir des prouesses sexuelles de mon voisin. Ils se ressemblaient tellement ! J’en rigolais en y pensant. Jusqu’à ce qu’un jour cette rigolade me passât de travers.

  Une nouvelle fille était arrivée au quartier. Venue de l’intérieur du pays et domiciliée chez son oncle, un nouveau pasteur qui avait transformé sa maison en lieu de culte, j’étais éperdument épris de cette nouvelle arrivante. Il fallait faire vite avant qu’elle ne fût sous les crocs des prédateurs véreux. Je me mis à lui faire la cour deux semaines durant. La troisième semaine, je l’apercevais sortir nuitamment du domicile de mon voisin. Le salaud ! Comme son dictateur de coq, il avait réussi à aimanter la fille du pasteur dans son lit. J’avais perdu la partie. J’en grinçais des dents. Désormais, son débauché de coq ne me faisait plus marrer. D’ailleurs, je pris la résolution de me venger de ce voisin qui m’avait spolié la fille que je désirais. À défaut de l’atteindre directement, je pouvais bien commencer par abattre l’empire de son animal. Oui, plus jamais son coq ne devrait être le seul à croquer les poules du quartier. Ça répondait à quoi, cette débauche dictatoriale ?

  Un lundi matin, je me rendis au marché et m’achetai aussi un coq. Je le pris jeune et robuste. Avant qu’il n’entrât dans son poulailler la nuit tombée, toute la journée je le laissais se pavaner dans les ruelles du quartier. Il fallait absolument qu’il concurrencât le coq de mon voisin, en se faisant la part belle des poules. Je pris le temps d’observer l’attitude de mon coq. Il avait dialogué avec deux poules sans obtenir qu’elles se laissent monter dessus. Apparemment sa technique de drague ne les avait aucunement exhaltées. À part ses deux tentatives, mon coq ne me montra aucun signe d’appétit sexuel véritable. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il picorait. Il ne respirait que pour sa panse. Quel idiot ! Quel incompétent ! Alors que le coq du voisin continuait de s’envoyer en l’air avec son harem nomade.

Puis, j’eus une idée. Mon coq avait sûrement besoin de s’entraîner un peu. Il lui fallait son Eve pour attiser son appétit des galipettes. Après cela, il me ferait honneur en volant la vedette au clone de mon voisin.

  J’achetai une belle poule le Jeudi. Elle devrait être la côte de mon oiseau.

– «Vaurien, hurlai-je à l’endroit de mon coq comme si je parlais à une personne. Du lundi au mercredi tu n’as fait que te promener pour « manger ». Voici ta femme, fais d’elle ce que tu veux. Avec elle tu n’as pas à négocier. C’est une offre. Vous serez dans le même poulailler, alors prends-la de force même si elle ne veut pas. Apprends à être entreprenant comme le coq du voisin. Montre-moi ta compétence. Diantre !»
  
Toute la journée, je laissai mon couple de poulets se promener dans ma cour. Ils marchaient ensemble, picoraient dans le même cercle. Ils ne firent que « manger ». Sans aucun attouchement. La nuit, enfermées dans le même poulailler, j’osais espérer que la caméra que j’avais placée sur leur toiture me retransmettrait le matin des images rassurantes. Mais nada. Les deux oiseaux, pendant les premiers instants de la nuit,  avaient brièvement communiqué. Ensuite la poule s’était réfugiée dans un angle. Chacun dans son coin. Ce fut ainsi jusqu’au samedi.

  Le dimanche, toute la matinée je ne vis ma poule nulle part. Seul mon coq traînait dans les environs.

– «Poltron ! vociférai à mon coq. Tu n’as pas vu ta femme quelque part ?»

  Il fit coucroucrou en s’éloignant de moi comme s’il savait que j’allais lui foutre le pied dans le derrière.

Vers la tombée de la nuit, toujours sans nouvelle de mon coq, je me résolus à aller frapper chez mon voisin :

– «Bonsoir Voiz, fis-je poliment. S’il te plaît ma poule ne serait pas chez toi ?»

   À peine il ouvrait la bouche pour me répondre que par la porte entrebaillée, j’assistai à une scène révoltante. Derrière lui, ma poule était accroupie tandis que son robuste de coq était au dessus d’elle, prenant fièrement son pied. Je rentrai dans la demeure en fonçant sur les deux oiseaux en vue de les séparer. Je bousculai le vieux coq afin qu’il lâche ma belle poule. Il résistait fermement, tenant à parachever ses derniers coups. Je le poussai plus fort.

– «Doucement voisin, se plaignit le don Juan. Doucement hein ! Ne fais pas de mal à mon coq dèh !»

  Aussitôt qu’il m’eut menacé de la sorte, son clone battit des ailes en se posant sur le sol, visiblement satisfait. Il courut vers le milieu de la cour avec ses grosses pattes, sa crête et son plastron rouge.

  Je pris ma poule dans mes bras. Somnolante, elle était très affaiblie. Le faux bec qui l’avait possédée avait dû être sans pitié. Pff. Et imaginer que ma poule était sa prisonnière depuis le matin. Le mal ! Tout ça à cause de mon vaurien de coq.

  Alors que je m’en allais, meurtri de m’être fait autant humilié une seconde fois, mon voisin pour qui je n’eus aucun égard, m’adressa ces mots blessants :

– «Dis, après l’acte, combien de temps faut-il à une poule pour pondre des œufs ? Car il me faudra les rendre quand ta poule mettra bas. À César ce qui est à César. »

  Je me mordis les lèvres en regardant sévèrement ce voisin qui me beurrait la raie au plus haut point. S’il était à l’image de son coq, je refusais d’admettre que le mien était le prototype de ma version animale. J’avais offert une poule à mon coq sur un plateau d’or. Cet incompétent n’en avait rien fait. En permettant en plus que le djandjou de coq d’à côté en fasse une bouchée. Avec les femelles, quand le mâle n’est doté d’aucune habileté, d’aucun savoir-faire, elles ne durent pas longtemps dans « mauvais rêve » et préfèrent aller s’épanouir là où il y a plus de virilité et de chaleur…

  Un nullard, mon coq. Quel vaurien ! Il ne méritait même pas de vivre.

Une fois à la maison, je ne l’avais pas prévu, mais ce dimanche, j’égorgeai mon coq, le plumai, le découpai en morceaux et en fis un bon kedjenou.

  Aussi, d’ici là, si je ne trouve aucun concurrent sérieux au coq de mon voisin, je risque de mettre en exécution mon intention de « meurtre » : faire mijoter un deuxième kedjenou avec dans ma marmite un coq dont je n’en serai pas le propriétaire…

Louis-César BANCÉ  

#LCB

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