Il n’y a manifestement pas de « petite » élection en Côte d’Ivoire, surtout avec l’avènement des réseaux sociaux qui, en plus de dix ans de présence dans le vécu quotidien des ivoiriens, ont vraiment pris du volume. Toute forme d’élection soulève des foules au point où la passion vire souvent au pugilat avec, bien sûr, son lot d’invectives innommables.
En effet, et le rappeler n’est pas remuer le couteau dans la plaie, il suffit de partir des années 1995 où il y a eu le boycott actif (les gens d’une certaine génération savent de quoi il s’agit), en passant par l’élection de 2000 pour aboutir à celle de 2010 pour savoir ce que le mot élection veut dire dans ce pays. Je ne parle même pas de celle plus récente, de 2020. Ça c’est sur le plan politique. La fureur et la passion de la politique ont-elles déteint sur la vie sociétale du pays ? On peut le dire d’autant plus que comme en politique, où les clans sont systématiquement formés, dans tous les autres aspects de la société, lorsqu’il y a élection, des clans se forment aussi, chacun pour défendre ses opinions et souvent, c’est plus courant, son « bifteck. » On va peut-être trouver que j’exagère, mais regardez-vous mêmes, lorsqu’il y a une toute petite élection dans ce pays, des hordes de groupies se créent et se muent automatiquement en « pro » ceci ou « pro » cela, si ce n’est les « noms de la personnalité » ou rien. Résumé, tout ce que je viens de dire donne les « pro » Gbagbo, les « pro » Ado, les « pro » Bédié, etc. ou les GOR (Gbagbo ou rien, les AOR (Ado ou rien), les BOR (Bédié ou rien). Parallélisme des formes, et puisqu’on parle encore d’élection, cette tendance s’est déportée dans le sport. Au point que l’élection du président de la FIF qui se faisait presque dans la clandestinité quelque part dans la ville et puis on passait à autre chose est devenue une affaire nationale, simplement parce qu’on doit voter. Encore ?!
Et comme dans ce pays les mêmes causes produisent les mêmes effets, les supporters de Didier Drogba, c’est à dire les DOR, on se comprend, sont très actifs sur les réseaux sociaux et brocardent Sory Diabaté, leur principal cible dont ils décrient la gestion du football jusque-là car, selon eux, il est tributaire du bilan de l’ex-comité exécutif de la FIF. Les SOR, on se comprend aussi, n’y vont pas avec le dos de la cuillère et c’est le branle-bas de combat. Ils ne ménagent pas Idriss non plus même si c’est à un degré moindre. Et c’est de bonne guerre.
Pour résumer, qui remportera cette autre élection de la présidence de la FIF ce samedi 23 avril à Yamoussoukro ? Seule la vérité des urnes symbolisée par 81 votants pour 143 voix nous le dira. On ne peut souhaiter que tout se passe dans le fair-play et que Drogba, Diabaté et Diallo jouent balle à terre. Que tous les coups qu’ils se donnent soient francs et qu’ils prennent la résolution de bien cadrer les tirs de leurs supporters qui, à la vérité, veulent être plus royalistes que le roi. Même si on dit que le football est le sport roi, il faut quand même savoir se tenir…