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L’HISTOIRE DU BAOULÉ QUI AIMAIT TROP MANGER LA VIANDE DE BROUSSE !

L’HISTOIRE DU BAOULÉ QUI AIMAIT TROP MANGER LA VIANDE DE BROUSSE !

N’guessan Richard, originaire du centre de la Côte d’Ivoire, est devenu l’un des plus grands cadres de ce pays, comptant parmi les têtes de file des fiertés du peuple baoulé. Il a une particularité que tout le monde lui connait : il est trop fan de viande de brousse. À Bingervillle où il habite, une commune aux allures de campagne qui tend peu à peu à se moderniser, N’guessan Richard a trouvé des endroits où il peut pratiquer la chasse d’animaux sauvages. Avec des pièges traditionnels dont il a appris la fabrication pendant son enfance dans la région du Bélier, il capture des agoutis, des rats, des mangoustes et bien d’autres espèces animales qu’il expédie en morceaux dans sa marmite pour en faire du bon kedjenou. Célibataire encore à 50 ans, paré de son tablier, il se fait parfois aider à la cuisine par l’une de ses petites gos autorisée à passer un week-end chez lui. Et quand la sauce bout, il ouvre le couvercle du récipient en humant la vapeur avec ses grosses narines poilues tout en disant : « Fhum, que ça sent bon, la viande de brousse ! Le meilleur parfum au monde ! »

Dans les restaurants de la capitale, on connait exclusivement N’guessan Richard comme un consommateur de viande sauvage. Proposez-lui autre chose qu’il se mettra à vociférer :

  • «Bon sang ! Combien de fois vais-je vous dire que je ne veux pas de viande de mouton, ni de poulet, ni rien ! Vous n’avez pas biche là-bas ? Ou bien de la chair de serpent ? Il n’y a rien ? Okay. Je quitte votre restaurant, je vais ailleurs où j’en trouverai certainement ! » N’guessan Richard mastique la viande de brousse avec beaucoup d’appétit. Môgô-là est trop fan de viande de brousse ! Babatchè qu’il est devenu, très généreux avec ses Petites, il a quand même un peu la tête sur les épaules : depuis deux ans, il est en train de construire à Béoumi, dans son village natal, un R+3 qui deviendrait sa maison de retraite.
  • Un week-end, il veut se rendre là-bas, sur son chantier, pour vérifier l’avancement des travaux. Au volant de sa belle voiture de marque LCB qu’il a achetée à 40 millions de francs CFA, il quitte Bingerville à 10 heures et aborde bientôt la voie de l’autoroute du Nord. Tiassalé, Toumodi, Yamoussoukro… N’guessan Richard a avalé plus de 200 kilomètres. À une station service pour son plein de carburant, un restaurant en cabane dans les encablures, attire son attention. Il s’y introduit et demande à la tenancière :
  • «Bonjour madame. Y a viande de brousse ici ? » N’guessan Richard se régale d’un plat de foutou accompagné de sauce gouagouassou et de viande de pangrolin. Ensuite il prend la route, plus revigoré que jamais. Il conduit longtemps. Sur la voie principale de Sakassou, des broussailles de part et d’autre de la route désertique. Ce n’est pas le genre d’endroit où on souhaiterait à un automobiliste de tomber en panne, et Richard le sait très bien pour avoir lu des informations concernant les coupeurs de route et leurs zones de prédilection. Soudain, notre voyageur aperçoit tardivement un jeune homme perché sur le trottoir avec en main un gibier brandi. Un vendeur de gibier frais ! Cette manœuvre est dangereuse, mais N’guessan Richard fait marche-arrière, et s’immobilise au niveau du marchand : il ne veut pas rater cette occasion en or d’acheter de la viande de brousse pour en faire du kedjenou quand il sera arrivé à Béoumi. Il descend de sa voiture et aborde un jeune homme heureux d’avoir un client :
  • «Bonjour, c’est quel animal tu tiens là ? lui demande-t-il. Il est gros, hein !»
  • «C’est un rat. »
  • «Un rat aussi costaud ? Wahou. Il est à combien ?»
  • «Au prix de ta voiture ! s’exclame le commerçant en sortant brusquement un pistolet qu’il pointe dans la direction de son client. Ne fais plus un geste, sinon je t’abats !» Un groupe de malfrats sort aussitôt subitement derrière les hautes herbes pour prêter main-forte au vendeur de rat. Ensemble, ils mettent un Richard N’guessan terrifié au respect en le dépouillant de tous ses biens : argent, bijoux, pantalon, chemise, débardeur, chaussures, ne l’abandonnant qu’en caleçon. Leur opération terminée, les bandits s’engouffrent dans la somptueuse voiture volée tout en laissant le rat dans les mains du cadre baoulé. Ils démarrent en trombe en filant comme un avion. Et voici le riche N’guessan Richard en caleçon, isolé, sans le moindre centime, avec juste un rat mort en sa possession à qui il chuchote : « Qu’est-ce qui m’a pris de garer ici ! Oh, mince ! Mais les bandits, ils ont été quand même bien. Ils m’ont pris ma voiture, mais m’ont laissé une très bonne viande de brousse ! »

Richard se lance dans un auto-stop, tentant d’attendrir les rares véhicules qui empruntent la voie. La plupart ne veulent pas prendre de risques et préfèrent l’ignorer. Quand un minicar daigne s’arrêter à son niveau et l’écouter, le voyageur malheureux raconte sa mésaventure. L’apprenti et le chauffeur veulent bien l’aider, mais pas gratuitement comme Richard N’guessan l’espère : ils veulent qu’en échange du transport, il leur donne son rat. N’guessan Richard répond tout furieux :

  • «Vous n’avez pas de cœur. Je suis sans vêtements, en slip, parce que des braqueurs m’ont tout pris : argent, bijoux, chemise, débardeur, pantalon, chaussures. Et là là encore, vous voulez me dépouiller du seul bien qui me reste : mon rat dodu ? Je préfère marcher 100 kilomètres que de vous laisser ma viande de brousse !»

Louis-César BANCÉ

banceglory@bance

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