Ça faisait dix ans que je n’étais pas monté dans un bus. Nous les gens de gbaka on ne monte pas dans n’importe quoi.  
Aujourd’hui, nostalgique, j’ai voulu renouer avec le bus, pour me rappeler de mes années collèges. J’ai sauté à bord du 44, à une gare du Plateau, en face de la CIE. Je ne vous dis pas. Les passagers y étaient entassés comme des poulets, comme dans une boîte pleine d’allumettes. En 2020 encore il faut qu’il se trouve des voyageurs coincés dans un bus ? Apparemment on n’a pas encore évolué…

En outre, il y a quelques avantages à être coincé dans le bus… Aujourd’hui, ma voisine de voyage, celle qui était arrêtée juste devant moi, avait une très belle paire de fesses. Elles étaient scotchées à la devanture de mon jean, et dansaient le mapouka à chaque fois que l’auto empruntait un dos d’âne ou une voie impraticable. Ça me rappelait les shows que nous faisions dans les salons, à Williamsville, dans les années 90. On se collait aux filles pour zouker, ou encore pour les attraper par les hanches en caressant leurs  »cras » quand le DJ avait l’intelligence de faire jouer du Nigui saff Cadence ou du Alice Sofa… Quel bonheur de tenir des rondeurs chaudes, à l’époque… Aujourd’hui, dans le bus, j’ai revécu ces soirées de mon enfance, agrippé comme un akpani derrière ma voisine de voyage habillée dans une mini-jupe très dangereuse…

                Puis, un moment, certains passagers descendirent à des stations. Le bus se désengorgea, et ma voisine à la sculpture envoûtante se détacha de moi. Je reçus cette séparation comme un choc. Pourquoi si tôt ? Mon cœur était en proie à un goumin terrible. C’était si bon de me trouver derrière elle, vous savez…
              
Et alors que ma voisine s’apprêtait à descendre à un arrêt, je m’approchai doucement d’elle :
– Bonjour… Je suis Louis, et vous ? Je suis tombé sous votre charme. Ça vous dit qu’on garde le contact ?

          Elle me sourit, et en me prenant mon téléphone, y inscrivit son numéro et son nom : Katy… Dès qu’elle descendit du véhicule je lui envoyai un message pour lui dire merci pour son amabilité. La seconde d’après, sa réponse m’apparut, surprenante : « Enchantée Louis. Tu as aimé, le petit moment dans le bus ? J’espère que tu n’es pas trop mouillé ? »
– 😳

Louis-César BANCÉ