Bonjour Louis-César Bancé, tu te souviens de moi ? En 2008 quand tu te promenais pour vendre les CD à Marcory, je fus l’un de tes clients. Tu venais me livrer des films dans un immeuble en face du grand terrain du résidentiel, et j’achetais beaucoup de porno avec toi… Je suis content de te retrouver sur les réseaux sociaux. J’avoue n’avoir jamais imaginé que tu écrivais.

À la faveur de ce message dont je voudrais que tu gardes mon identité sous anonymat, j’aimerais recueillir les conseils de tes lecteurs, surtout ceux qui s’y connaissent en spiritualité.

Dans les années 2000, j’ai obtenu ma richesse à partir d’un pacte ritualiste. J’ai consulté un animiste marocain qui m’a demandé de lui apporter les caleçons de dix filles avec qui j’aurais une relation. Bel homme que je suis, l’exercice n’a pas été difficile. À Marcory il suffisait que je claque le doigt pour que les femmes soient à ma merci. En faisant l’amour avec elles, pendant qu’elles étaient en extase, j’en profitais pour cacher leurs dessous dans la poche de mon pantalon. Après l’acte, elles cherchaient leurs slips en vain, et je faisais semblant de les y aider. Finalement elles abandonnaient, contraintes de rentrer chez elles sans rien en bas. C’est comme ça que mon marabout s’est servi des caleçons que je lui ai apportés, pour faire le travail mystique qui m’a permis de devenir un homme riche.

Aujourd’hui, je suis multimillionnaire et vis dans un confort extrême. Mais depuis ces dernières années mon esprit est hanté par l’image de ces filles dont je me suis servi. Parfois quand je dors je fais des cauchemars, les voyant chacune avec un string avec lequel elles essaient de m’étrangler. J’ai cherché à les rencontrer, et aucune n’a vraiment évolué dans la vie parmi celles que j’ai vues, malgré mes soutiens financiers reguliers à leur égard. Elles ne me soupçonnent pas non plus de les avoir utilisées. Pourtant elles m’en veulent dans mes rêves. Étrange.

Quand je suis allé revoir mon ésoteriste pour lui parler de mes angoisses nocturnes de strangulation, il m’a avoué que c’est l’énergie positive de l’ensemble des dix filles qu’il a réunie pour constituer mon triomphe, et que cependant, je n’avais rien à craindre. En quelque sorte j’avais absorbé leurs chances. Dans le fond, je ne suis pas quelqu’un de pernicieux. La preuve, j’ai beaucoup aidé des gens à s’en sortir dans la vie, en leur donnant de mes moyens. Ce que j’ai voulu, c’est la richesse sans toutefois souhaiter obstruer les autres. J’ai demandé à mon marabout s’il y avait une possibilité de libérer le destin de ces filles que j’ai accidentellement condamnées. Il m’a dit que ce ne serait pas sans conséquence pour ma santé psychique. Que faire dans la mesure où aujourd’hui ma conscience me gronde ? Y a-t-il une spiritualité qui puisse libérer le destin de ces femmes qui, en toute confiance, se sont offertes à moi ? Je ne veux pas non plus en pâtir. Voici deux ans que je suis retourné dans mon pays d’origine, et depuis, je réfléchis, à la recherche de la paix du cœur.

Louis-César BANCÉ