Une diarrhée m’a pris à Bassam, dans le car en partance pour Abidjan. J’ai serré les jambes jusqu’à Yopougon Siporex. Ensuite j’ai pris un gbaka qui m’a déposé au carrefour de ma maison. J’ai couru jusqu’à ma porte, et c’est au moment de l’ouvrir que j’entends PRAPRAPRAPAAAA derrière moi. C’est déjà gâté dans ma culotte, sous les yeux de mes voisins.

Je ne sais pas si ça vous arrive hein, mais la diarrhée résiste longtemps quand elle est loin du w-c. Dès qu’elle sent les toilettes à deux pas d’elle, elle devient plus nerveuse, rageuse, et se montre plus pressée de se dégager…

Parfois nous sommes plus résistants au cours du combat. Mais c’est près du but que nous baissons la garde, en nous disant que l’objectif est atteint. Alors qu’il nous faut demeurer toujours concentré tant que le BIDET n’est pas dans la main.
C’est ainsi qu’à 5 minutes d’une fin de match, une équipe de football menant 3-0 peut se faire rattraper et battre par 4 buts à 3. Car comme avec la diarrhée avec laquelle on a résisté de la ville jusqu’à la maison, psychologiquement, on voit tellement le w-c à notre portée qu’on gâte dans le pantalon. Si près du but ! Ça se passe dans la tête. C’est parce que la tête a cédé que la diarrhée l’a précédée.

Restons toujours concentré dans notre combat jusqu’à la victoire finale. Et même si près du but, ne soyons pas distrait, souvenons nous de la diarrhée qui peut transformer tous nos efforts herculéens en pâte d’arachide dans le caleçon.

Louis-César BANCÉ