Au royaume du ciel, là où se retrouvent tous les êtres vivants ayant achevé leurs séjours terrestres, Bb Carla arrive, déchargée de toutes ses douleurs physiques. Quand elle voit Arafat s’approcher, son frère disparu trois ans plus tôt, elle a l’impression de rêver…

• «Grand-frère, c’est toi ? interroge-t-elle, confuse. Où suis-je ? Et mon lit d’hôpital ? »
• «Petite sœur, lui répond le Daishi d’une voix apaisante. Reprends doucement tes esprits. Tu n’as pas remarqué que toutes tes douleurs se sont volatilisées ? Tu n’es plus de l’univers terrestre. Maintenant, tu as rejoint le ciel, pour l’éternité. »
• «Comment ça ? Dois-je comprendre par là que je suis morte ? »
• «Si tu étais morte, tu ne serais pas là à dialoguer avec moi. Tu as juste pris une autre forme de vie, pour continuer ton chemin dans une autre dimension. »
• «Non ! Je réalise que je suis morte. J’aurais tant voulu rester encore sur terre pour réaliser des choses qui me tenaient à cœur. »
• «Ne te lamente pas, petite sœur. Les choses étaient déjà écrites. Je suis parti un 12. Quand tu as été hospitalisée, je savais d’ores et déjà que tu me rejoindrais un 12…»
• «Un 12 ? Je crois que mon dernier moment sur la terre a été le 22 février 2022.»
• «Février, 02. Eh oui, dans l’œil spirituel ça donne une addition de 2+2+2+2+2+2, soit un total de 12. Tous ces 2 alignés, sans un autre chiffre étranger à l’échelle graduée, c’était l’indicateur du trait de ta vie qui s’était horizontalement arrêtée, comme sur l’écran rectiligne de la machine de contrôle respiratoire des hôpitaux. Suis-moi, je vais te montrer le chemin. Pendant que nous marchons, donne-moi les nouvelles…»

Bb Carla et Arafat se font une accolade chaleureuse, puis, main dans la main, ils se dirigent vers une sphère lumineuse, tout droit devant eux. La nouvelle arrivante parle à son frère de leur maman, de la souffrance qui l’habite depuis qu’elle a perdu son fils dont elle était si fière.

• «Tu sais, maman ne comprend pas pourquoi certains de tes amis lui manquent de respect en lui lançant des invectives. Sont-ce les bisbilles publiques que tu as eues avec elle qui leur donne ce droit de la contrarier ?»
• «Quand ils viendront me trouver ici je vais leur tirer les oreilles ! Ce n’est pas parce que j’ai eu à faire des histoires avec ma mère qu’ils devront en faire autant ? Moi je peux me le permette, mais eux, non ! Même sur terre, je n’ai jamais accepté que l’un d’entre eux jouent les malpolis devant ma mère. Ils sont au courant ! En mon absence, les bons amis, les plus intelligents, ne devraient jamais offenser celle qui m’a mis au monde, quel que soit le couac qu’il y a eu entre elle et moi… Parlons un peu de Carmen. Je lui ai récemment adressé une lettre par le biais du médium LCB. Elle l’a reçue ?»
• «Oui, la lettre a fait un tollé. Mais je crois qu’elle préfère continuer son exhibitionnisme…»
• «Bassalor !»

Carla et Didier arrivent vers la sphère lumineuse où ils sont aussitôt accueillis par un personnage atypique :

• «Bb Carla, pourquoi si tôt ? Tu viens faire quoi ici, hein ? »
• «S Kelly, l’oiseau rare, quoi ! s’exclame la nouvelle venue en se jetant toute souriante dans les bras de l’auteur de  »Ma copine est kpata », heureuse de découvrir que les morts ne sont pas morts et vivent tous une autre vie de l’autre côté de la rive…»

Louis-César BANCÉ