C’est une belle femme que je convoite, belle et claire comme une ampoule. Elle brille. Plusieurs fois, nous sortons pour des déjeuners, des dîners, et nos discussions enrichissantes nous rapprochent davantage. Nous ne sommes pas encore des amants mais avons l’air de l’être. Pendant nos soirées dans les bars dancing, nous nous faisons des caresses saines, sur nos joues, nos bras. J’adore aussi lui cajoler les cheveux et skier avec mes doigts sur son cou. Un soir elle vient chez moi après une virée nocturne. Je l’embrasse avec volupté. Elle soupire, ne peut pas cacher son désir. Cette envie partagée que nous ressentons l’un pour l’autre. Je ne sais pas pourquoi elle a mis un jean, qui lui colle les jambes comme un collant-collé. C’est ce qu’elle porte tout le temps. J’ai du mal à le retirer à plusieurs tentatives. Elle aurait dû mettre une robe sexy… Toutefois, elle semble ne pas vouloir qu’on aille plus loin :

– «Si je m’habille comme ça, c’est justement pour atténuer nos folles envies et ne pas exposer non plus mon corps aux autres, me murmure-t-elle. Le corps d’une femme est sacré et est réservé uniquement à son mari. Nous pourrons faire tout ce que nous voulons une fois que nous sommes mariés. »

Embrassant l’esprit de cette fille, nous poursuivons sainement notre relation jusqu’à aboutir aux fiançailles. Fou d’amour, je n’hésite pas à l’épouser. La nuit des noces, elle refuse catégoriquement que nous fassions l’amour à la lumière. Pourtant j’ai bien envie de la contempler dans toute sa splendeur. Pour la première fois, ma femme est complètement à moi. Je caresse sa nudité, et là, à la surface de ses fesses et de ses cuisses, je glisse étrangement sur quelque chose de rugueux. Ce n’est pas lisse du tout, comme un corps normal de n’importe qui. Aucun plaisir à toucher ces parties intimes qui m’envoient me poser mille questions. Quand je veux appuyer sur l’interrupteur, elle m’y empêche. Puis un moment, je la dribble et hop, nous sommes sur le lit, dans la clarté. Ce que je vois là, ce n’est pas beau du tout. Des vergetures sur les jambes de mon épouse et ses cuisses pourries aux innombrables rayures, comme des lianes. C’est dégueulasse à voir. Je ne sais plus si ma femme est claire, noire, rouge, orange, rousse… Oh là, toutes les couleurs sont mélangées en elle. Même un léopard ne présente pas de si diverses caractéristiques. Ma doubéhi n’est présentable que de visage et des bras. Le reste de son corps est gâté. La laideur personnifiée. Je n’ai pas épousé une femme, j’ai épousé une momie, que je regarde, horrifié :

– «Je comprends pourquoi tu aimes t’habiller comme Spiderman. Tout ça, pour ça ?»

– «Désolée chéri, pardonne-moi. Je ne voulais pas te perdre, par amour. J’avais un beau teint noir que j’ai détruit avec la dépigmentation, je l’avoue. Je regrette tellement de l’avoir fait…»

– «J’estime tout de même avoir été trahi. Le mariage c’est tout un ensemble de valeurs morales mais aussi, physiques. Tu aurais dû me dire les horreurs qui sont derrière ton jean et ce serait à moi de voir si je peux t’accepter ainsi. Mais passer toute ma vie, toutes mes nuits à caresser des lianes, je ne sais plus si on appelle cela le bonheur…»

– «Alors. Tu ne veux plus de moi ? Tu vas divorcer ? N’oublie pas qu’à la mairie comme à l’église, les célébrants nous ont dit qu’une union, c’est pour le meilleur et le pire.🥺»
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  ( Chers lecteurs, répondez à la place du mari )

Louis-César BANCÉ