Grégoire Toutoukpê, un homme de 45 ans vivant à Yopougon Selmer, est un oisif qui passe son temps à jouer au damier et au jeu de ludo, au quartier, à pari. Ne travaillant donc pas, ce n’est que sur les femmes d’un certain âge qu’il s’arc-boute pour vivre. Il en a connu, une pléiade de Gnanhis, toujours prêtes à l’entretenir et à le garder jalousement pour elles en raison de ses reins solides bourrés d’atoté. Ah oui ! Grégoire Toutoukpê sait faire plaisir à une femme, et il le fait en mode long métrage. Elles aiment ça. Plusieurs fois malheureusement, il a rompu avec ses Amoureuses, parce qu’elles ont découvert soit son infidélité ou n’en pouvant plus de sa grande cupidité.

La nouvelle conquête de Grégoire Toutoukpê s’appelle Marguérite-Geneviève, une femme de dix ans son aînée qui a fait fortune dans la politique. Elle est très aimable, et comble son amant de cadeaux. Grégoire est heureux. Il a tout à sa disposition. Mais un jour, à sa grande surprise, Marguérite-Geneviève lui dit vouloir rompre, avouant même aimer quelqu’un d’autre. Oh, là ! Un autre  »petit pompier » a rasé notre titulaire !

Grégoire Toutoukpê supplie sa gnanhi de le garder, mais elle le jette comme un sachet de gnamakoudji dont elle semble avoir fini de sucer le jus. C’est donc le retour à la galère pour l’homme répudié qui reste longtemps au chômage sans trouver cliente. Dépressif, moisi, piqué, malnutri, son ventre commence à pousser de façon incompréhensible. Tiens, c’est goumin qui fait ça ? Bah, Grégoire Toutoukpê a soudain une idée de génie pour lutter contre la dèche. Voyant le volume de sa bedaine, il se rend au domicile de Marguérite-Geneviéve et lui annonce quelque chose de surprenant :

-Géné, je suis là parce que je suis enceinte de toi.

-Quoi ? s’étonne la gnanhi. Tu deviens fou ?

-Ça n’a rien à voir avec la folie. Je suis enceinte, et quand je compte les jours, il ne fait aucun doute que c’est toi qui m’as enceinté. Tu es la dernière personne avec qui je suis sorti, il y a quatre mois.

La dame accusée de grossesse remue la tête. Pleine aux as, elle n’a jamais aimé les histoires :

-Grégoire, tu es enceinte de moi, tu t’entends ? Depuis quand un homme prend-t-il une grossesse ? Tu es ridicule. Soit ! Dis-moi ce que tu veux. Qu’est-ce que tu attends de moi ?

-Géné, je ne veux pas garder l’enfant après que tu m’as largué. Je veux immédiatement avorter.

-Okay. Je t’envoie dans une clinique spécialisée alors ?

-Non, je sais où aller pour l’opération. Donne-moi l’argent seulement.

-Fhum ! Combien ?

-Un million.

-Un million, pour enlever un enfant ?

-C’est le montant le plus sûr pour préserver ma vie.

Marguérite-Geneviève sait très bien que son ex est dans la manipulation. Tout de même, elle lui donne l’argent qu’il a demandé. Joyeux, l’homme enceinte, la poche pleine, se rend à l’espace de jeu du quartier, et joue aux jeux de hasard dans le but de multiplier son million : malheureusement il y laisse sa peau. On lui bouffe tout son  »djai ». Ruiné en un laps de temps, il appelle son ex, en pleurs :

-J’ai été agressé à la sortie de chez toi, lui dit-il. L’argent que tu m’as remis a été volé. S’il te plaît, tu peux me redonner le même montant ?

-Grégoire ! Grégoire ! Okay, passe demain à la maison, 20 heures, pour récupérer l’argent. Mais ce sera la dernière fois que je t’en donne !

Le lendemain, à 20 heures, Grégoire Toutoukpê est au domicile de son ex, mais elle est absente. Accueilli plutôt par trois « Gros Bras », des Ziguéhis aux muscles monstres comme des pattes d’éléphant, le visiteur est subitement ligoté après que la porte s’est fermée derrière lui. Les trois goliaths lui ôtent le pantalon en le plaçant dans une position favorable au déboukéhi :

-Nous allons te mougou à tour de rôle, comme ça tu vas tomber vraiment enceinte ! avertissent-ils en chœur pendant que celui qui a été pris dans une embuscade braille comme une citerne.

Louis-César BANCÉ

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