Je roule Ă vive allure quand Ă Treichville, Ă un carrefour bondĂ© de monde, une jeune fille, dans un geste dâauto-stop, attire mon attention. Elle attend sans doute un taxi communal ou un gbaka. AprĂšs lâavoir lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ©e, je fais marche arriĂšre. Je la vois courir vers moi et sâaccouder Ă la fenĂȘtre de ma voiture, essoufflĂ©e :
â «Bonsoir monsieur. Vous allez Ă Bonoua, sâil vous plaĂźt ?»
â «Oui madame. »
â «Je peux monter ? Y a vraiment pas de minicar depuis des heures quâon attend. »
   Je fais un geste dâacquiescement Ă la go, et elle ouvre, prenant place sur le fauteuil Ă ma droite. Puis, jâappuie sur lâaccĂ©lĂ©rateur, et nous sommes sur le boulevard Giscard dâEstaing.
â «Merci Ă©normĂ©ment pour votre serviabilitĂ©, me dit ma voisine en souriant. Mais jâaimerais rectifier quelque chose. Tout Ă lâheure, vous mâavez appelĂ©e madame. Je suis mademoiselle Franceline Taati. Et vous ?»
â «Je suis monsieur Audi TĂ©tĂ©. »
â «Monsieur⊠Fhum⊠Son mariĂ© ou son cĂ©libataire ?»
â «CĂ©libataire. »
â «Alors lĂ , jâadore. Comme ça je vous ferai une bonne rĂ©compense une fois Ă destination. »
â «Une rĂ©compense ?»
â «Oui, pour vous dire merci de mâavoir embarquĂ©e. Vous le mĂ©ritez, et ne pouvez imaginer dans quelle galĂšre jâĂ©taisâŠÂ»
â «Oh, vous nâen avez pas besoin. Câest gratuit.»
â «Ma rĂ©compense aussi est gratuite. Ce sera un moment dâextase.»
  Je roule pendant plus dâune demi-heure en me demandant ce que me rĂ©serve ma passagĂšre circonstancielle. Nous bavardons encore un peu et arrivons Ă Bonoua.
â «Garez ici, sâil vous plaĂźt, je dois descendre, je suis arrivĂ©. Mais avant, votre rĂ©compense. »
  Je mâimmobilise sur le trottoir.
â «Allons tous les deux sur la banquette arriĂšre, me suggĂšre la fille. Tu ne regretteras pasâŠÂ»
 Nous y sommes. Soudain, elle fait descendre ma braguette, et en dĂ©gage mon «instrument de pĂȘche». Je sais ce quâelle va faire. Ăa ne me dĂ©plaira pas, ce moment dâextase qui vient et dont elle mâa parlĂ©. Quand elle commence Ă faire descendre sa bouche, je tressaillis, excitĂ©, et soudain, cette bouche se transforme en une gueule ! Franceline Taati est devenue un serpent, un cobra, un monstre. Quelle horreur ! Je nâai pas le temps de rĂ©flĂ©chir, de comprendre. Tout se passe en un Ă©clair : mon kiki est tranchĂ© par le reptile !⊠đ±đ±đ
Louis-CĂ©sar BANCĂ