J’étais avec un de mes lecteurs, hier, à Marcory. Appelons-le Jocelyn. Il m’a raconté sa déconvenue suite à un investissement dans le bizness de Livraison Moto. J’aimerais partager avec vous son expérience, en raison des leçons qu’on en tire, afin que chacun d’entre nous puisse en être édifié.
Le service de Livraison Moto est une entreprise permettant de faire des courses pour des personnes, en échange d’une petite rétribution. De plus en plus de gens s’intéressent à cette activité, tout comme mon lecteur de Marcory s’y est mis, achetant dix motos pour le démarrage de son projet.
Une fois tous ses papiers en règle, notre camarade met en place son équipe de travailleurs. Dans son quartier, il y a un jeune chômeur très respectueux, pour qui il a beaucoup d’admiration. Ce dernier désirant faire partie de l’aventure, Jocelyn ne trouve pas d’inconvénient de lui donner sa chance. Le chômeur, que nous allons appeler Willy, se voit confier une moto pour le poste de livreur qu’il exerce, nommé chef des livreurs par son patron après quelques semaines de bonne conduite et de résultat efficient. Un type vraiment bien, quoi ! Un bon gestionnaire ! Il est tellement bien qu’il est le seul autorisé à disposer de sa moto de travail comme il l’entend. La nuit, il peut librement la garer chez lui au contraire des neuf autres livreurs contraints de stationner leurs engins dans le garage du patron.
La collaboration se passe bien pendant deux ans. Puis en Août 2022, Jocelyn perd son téléphone alors qu’il faisait une sieste, assis sur une chaise. Qui a volé son « lalé » ? Quel malho a-t-il ôté son portable de sa poche ? La scène du vol est un lieu public où se trouvaient ses livreurs et une dizaine de personnes étrangères. Les livreurs, avec Willy à la tête, l’aident à chercher son téléphone, peut-être égaré dans un coin insoupçonné ? Peine perdue. Le lendemain, Jocelyn va discrètement porter plainte au commissariat du 9ème arrondissement en y laissant le carton sur lequel il y a l’IMEI de son téléphone. Après trois semaines, il reçoit un appel de la Police. Arrivant au poste, il voit que Willy, son livreur et homme de confiance y est menotté. Il n’y comprend rien, et ce sont les hommes en tenue qui éclairent sa lanterne :
-Jocelyn, voici votre voleur : Willy. Nous avons fait tracer votre téléphone, et les enquêtes ont permis de mettre le grappin sur ce type.
-Willy ? s’étonne Jocelyn. Mais ce n’est pas possible ! C’est lui le gestionnaire de mon entreprise de Livraison Moto. Il a carte blanche sur tout. Je lui faisais confiance à l’extrême au point de lui avoir laissé mes pièces d’identité et toutes les pièces référant à mes motos…
Willy, tête baissée, n’arrive pas à regarder son patron. On le contraint à déverrouiller le téléphone volé et à le rendre au vrai propriétaire… Et en manipulant le téléphone que Willy n’utilisait qu’à domicile ou pendant ses sorties discrètes, Jocelyn découvre sur WhatsApp des conversations inquiétantes : Willy discutait avec des complices, avec pour projet imminent de vendre les dix motos de son bienfaiteur et prendre la direction de Lampedusa…
Louis-César BANCÉ
