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L’HISTOIRE INCROYABLE D’ENCEINTEUR, L’HOMME QUI SE VANTAIT D’ÊTRE PUISSANT

L’HISTOIRE INCROYABLE D’ENCEINTEUR, L’HOMME QUI SE VANTAIT D’ÊTRE PUISSANT

C’est un homme d’une quarantaine d’années, aux cheveux courts crépus, et aux fesses dures, comme un bon Africain. Il venait d’aménager nouvellement à la cité LCB de Cocody, et s’y était très rapidement intégré, se faisant des amis en un temps éclair grâce à son humour et sa facilité de communication.

À l’État civil, il s’appelait Jean-Marc Kamagaté. Mais bizarrement, ce nom était méconnu de tous, puisque le nouvel arrivant s’était fait connaître avec un pseudo dont il souhaitait visiblement la propagation et la propagande : il se faisait appeler Adjoukê L’Enceinteur. À la cité LCB de Cocody, nul n’avait jamais vu Jean-Marc Kamagaté se vêtir autrement que dans un maillot estampillé de son surnom : L’ENCEINTEUR. Il en avait, des gaminets, de toutes les couleurs, sur lesquels était inscrit son numéro préféré : 3. Il le traduisait à qui voulait l’entendre que c’était le minimum à offrir à une proie lors d’une partie de galipettes. Il faut nécessairement une moyenne de 3 coups lourds à une femme pour sa satisfaction, disait-il, et lui, Adjoukê l’enceinteur, était un cheval qui pouvait réaliser des « longs métrages intimes » durant au moins, 3 heures, un coup équivalent à soixante minutes. Avant de démenager à la cité LCB de Cocody, il avait fait assez de dégâts dans son ancien quartier, goûtant la plupart des filles résidantes, enceintant quelques-unes d’entre elles sans épargner certaines femmes mariées qui rêvaient de découvrir ses performances. L’Enceinteur, une célébrité en matière de « bouaili » !

Fort de ses exploits, Adjoukê l’Enceinteur était respecté voire vénéré par les groupes d’hommes de son nouveau quartier, qui craignaient qu’il ne leur ravisse leurs chéries. Kader Koné, un jeune étudiant de la cité qui le prenait pour idole, l’avait supplié pour recevoir des cours pour devenir Docteur en Donjuanisme : son rêve était d’aligner les étudiantes du campus et de faire parler de lui dans tous les amphis, comme on parlait de l’Enceinteur partout à Cocody.

Les petites gos de la cité LCB étaient amusées de la renommée d’Adjoukê l’Enceinteur et refusaient pour le moins de l’approcher de trop près : on ne savait pas quand le piège pouvait se refermer sur elles pour que Jean-Marc Kamagaté les broient avec beaucoup de bruits. Et un jour, il eut du bruit sur Facebook. Un buzz des plus viraux ! Une vidéo sextape avait fuité, dans laquelle Adjoukê l’Enceinteur était aperçu en train de se faire cogner sauvagement le derrière, et aussi en train de mettre à la bouche le  »micro » d’un homme… Or notre fameux numéro 3 était un woubi de la 3ème catégorie, et un V.I en termes d’exploit féminin ! Devenu la risée du quartier qui avait substitué Kamagaté par CraGâté, il s’était enfermé chez lui, refusant tout contact avec l’extérieur et envisageant de déménager. Seul Kader Koné, pour ne lui avoir pas jeté la pierre, avait droit à son domicile. C’est ce dernier qui assurait gentiment ses courses. Et un jour, Jean-Marc Kamagaté tomba malade, d’un mal dû à ses activités sexuelles de travers. Très amaigri malgré les soins des infirmiers, il confia à son bon petit alors qu’il sentait la mort le grignoter :

– «Mon petit Kader Koné, si j’ai un bon conseil à te donner, ne cherche pas à devenir un casanova. Mène une vie rangée, sans envier quiconque surtout du mauvais sens. Et retiens ceci, ceux qui font beaucoup de bruits en société en se vantant d’une qualité, ne sont en réalité pas ce qu’ils sont. Parfois ils usent de mensonge et de tricherie pour arriver à leurs fins. La vantardise cache un gros complexe chez certains. Elle peut aussi vouloir dissimuler un secret humiliant, comme ce fut le cas chez moi qui me suis fait passer pour un homme à femmes alors qu’en vérité, je suis impuissant. L’autre face du iceberg, tu l’as découverte avec ma sextape tristement célèbre sur les réseaux sociaux. N’envie jamais personne, et sache que le calendrier de ton destin n’est pas à comparer à celui des autres. Kader Koné ?»

– «Oui Adjoukê l’Enceinteur, je suis là. Je t’apporte de l’eau ?»

Un liquide sortit de la bouche du malade dont les yeux restèrent subitement figés. Son âme était sortie de son enveloppe pour fuser vers la poste céleste : que son derrière repose en paix !🙏🏼

Louis-César BANCÉ

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