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RIZ, C’EST QUOI ?

RIZ, C’EST QUOI ?

Revenant du champ après une journée de dur labeur, Akessié a le ventre qui crie famine. Ce vaillant cultivateur, respecté de tout le village pour l’énergie déployée dans ses plantations, n’a jamais eu autant le ventre creux en ce soir où il rentre à la maison. Depuis le lever du jour jusqu’au coucher du soleil, il n’a fait que labourer, labourer, labourer, sans relâche. Labourer sans n’avoir rien avalé de la journée ! La daba au dessus de l’épaule, Akessié marche lourdement, comme un soldat dont l’estomac a été perforé en pleine guerre par un projectile. Il marche, telle une tortue, la tête tourbillonnant de vertige, la vue presque floue. Tout ce qu’il espère, c’est d’arriver à la maison pour se régaler du succulent repas que sa femme lui aura servi, tel qu’elle sait si bien s’y prendre en cuisine. Cependant, c’est la stupéfaction et la désillusion totale lorsqu’il franchit sa case et que son épouse à qui il demande son plat, lui donne une réponse qui manque de peu de l’envoyer six pieds sous terre :

-Mais regarde l’heure à laquelle tu t’emmènes, chéri ! J’ai cru que tu avais déjà mangé au champ !

-Ehé Kawolo, comment tu as cru ? se plaint le laboureur de sa voix frêle. C’est de ton devoir de faire à manger dans cette maison, peu importe l’heure à laquelle je serais rentré !

-J’avais beaucoup à faire. La lessive, la vaisselle, le balayage… Ça été une journée chargée. Mais là n’est même pas le problème. C’est le temps que tu as mis avant de rentrer qui m’a fait croire que je n’avais plus à cuisiner. Toi aussi ! Comment tu peux travailler au champ sans rien manger ?

-En plus tu me nargues ? Je commence à me demander si tu es une bonne épouse. Incapable de t’occuper du ventre de ton mari. Tu me déçois ! Comment vais-je faire avec cette faim-là ?

-Prends ton mal en patience bébé, je te fais un riz gras rapide !

        
Pendant que Akessié est étendu sur le lit avec son estomac en rébellion, dehors, en face de la case et à l’air libre, sa femme allume le feu au milieu du fourneau artisanal. Ensuite elle associe les ingrédients pour commencer son riz gras. Après trente minutes, elle n’est pas encore arrivée à bout de sa recette. Son feu de bois, vacillant, ne donne pas la température et l’ardeur qu’il faut à sa marmite. Comme elle ne voit pas son éventail, elle s’accroupit pour souffler. En ce moment-là, son homme sort de la case et la voit de dos, dans sa robe marron moulante qui met en exergue ses courbes volcaniques. À cause de la faim, Akessié ne voit pas net. Il se frotte les yeux, concentre le regard sur les montagnes fessiers de Kawolo, et comme par miracle, sa vue se nettifie. Il semble découvrir son épouse pour la première fois. Quel corps magnifique ! On dirait deux pots de canari pleins de miel. Vraiment, Dieu a donné à Kawolo deux collines d’or ! Et juste qu’à les regarder, le cultivateur est assailli par une deuxième rébellion : après son estomac, c’est au tour du soldat qui est dans sa culotte de prendre les armes et de se révolter. Ce soldat, grand, costaud comme un obus, est remonté, fou furieux, voulant aller impérativement au front ! Sous cette pression, Akessié s’avance vers Kawolo, et lui caressant l’un de ses magnifiques canari, il lui demande :

-Chérie, le feu te créé-t-il des misères ?

Kawolo tourne la tête vers l’affamé :

-Oui, ça doit être à cause du vent. Mais que se passe-t-il ? Tu étais très faible quand tu rentrais. Là j’ai l’impression que ta voix est devenue plus vive !

-Chérie, suis-moi dans la chambre, laisse ce feu, j’ai un autre feu pour toi.

-Fhum ! Je te vois venir, hein, mon mari, sourit la cuisinière en regardant l’agitation du « kigbafori » derrière la culotte de l’homme. Tu as déjà labouré au champ et tu es épuisé. Ne pense pas encore à labourer ce soir sans même avoir encore dîné ?  S’il te plaît, va te coucher, le temps que je finisse de préparer le riz.

-RIZ, C’EST QUOI ? Tu as plus que ça. Tu as du miel. Viens bébé…

Les voici qui entrent dans leur case d’où quelques minutes plus tard on entend KPA ! KPA ! PKA ! pendant que le riz est en train de noircir dans la marmite. 🤧

Louis-César BANCÉ

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