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TROIS FILLES, PASSAGÈRES D’UN GBAKA, VOULAIENT MONTER DANS MA VOITURE…

TROIS FILLES, PASSAGÈRES D’UN GBAKA, VOULAIENT MONTER DANS MA VOITURE…

À la gare de Texaco, j’ai garé ma voiture près d’un gbaka dans lequel je suis monté. En me tenant à la porte, je m’apprêtais à m’adresser aux passagers quand j’ai entendu l’un d’eux se plaindre :

  • « Oorrh ne venez pas nous fatiguer avec vos bruits-là pour nous parler de vos faux médicaments qui guérissent tout là ! Il fait chaud hein ! »

Le passager s’adressait à moi. Il me prenait pour un vendeur de médicaments bien qu’il m’a vu très sapé. Je ne dis pas que les vendeurs des Transports en commun s’habillent mal. J’en ai connus quelques-uns qui se vêtent en costume, avec cravate, bien zango. Je veux juste dire qu’il y en a pas, qui ont ma classe… Comment a-t-il pu me prendre pour un vendeur de médicaments alors que j’ai la même prestance que Robert Lévi Provinçal ? Il en a eu pour sa tasse quand je lui ai donné les raisons de mon immiscion dans son vilain gbaka :

  • «Monsieur, je ne suis pas un vendeur de médicaments. Ma voiture est garée juste à côté. Comme nous allons tous à Yopougon, je voudrais rendre service en invitant quelques personnes à me rejoindre, pour leur permettre d’économiser en transport. »

À peine je finissais de parler que celui qui m’avait vilipendé se leva de son siège en se portant candidat :

  • «Je viens avec vous, avança-t-il en se levant précipitamment. »

Trois filles s’ajoutèrent à lui de sorte que nous nous retrouvâmes en surnombre devant ma voiture qui ne pouvait que recueillir trois passagers.

  • «Nous sommes deux sœurs, plaidèrent les moins belles parmi les filles. Nous voulons monter, c’est une aubaine pour nous parce que c’est chaud oh…»

La plus belle s’en alla. J’eus un pincement au cœur parce que j’avais flashé sur elle. Moins d’une demi-heure après que nous avons décollé, les deux sœurs descendirent au carrefour Sable non sans me demander mon numéro. À le voir dans leurs yeux, elles me trouvaient beau et voulaient me draguer. Je leur donnai le numéro de ma chérie, en leur faisant croire que c’était le mien. Une go m’a déjà joué ce tour, alors je n’ai fait que rendre la monnaie. Le dernier passager descendit au niveau de Bel air :

  • «Merci beaucoup monsieur, me dit-il au pied de ma voiture. Je pourrai faire de ces 300 francs qe tu me permets d’économiser, mon déjeuner pour demain. C’est Dieu qui t’a mis sur ma route. Je me présente. Je m’appelle Brou Anatole. Je peux avoir ton numéro ?»

Les jours qui ont suivi notre rencontre, Anatole ne cessait de m’envoyer des messages. Il voulait une aide : « J’ai 43 ans et je dors dans le salon de mon oncle, m’a-t-il confié. J’ai besoin d’un financement pour faire quelque chose de mes dix doigts. S’il te plaît, c’est peut-être par ton canal que je devrais réussir ? J’ai longtemps tapé à toutes les portes, mais rien… »

J’ai eu pitié d’Anatole et lui ai remis la somme de 100.000 francs pour qu’il puisse entreprendre comme il le souhaitait. Deux mois après mon geste charitable, un midi que ma voiture était au garage pour entretien, j’empruntai un gbaka. Après quelques minutes de trajet, un homme monta en cours de route et se tenant à la portière près de l’apprenti sous un soleil de plomb, un gros sac sur le dos, il parlait : «…Bonsoir chers amis. Je vais vous présenter un médicament, très efficace contre l’éjaculation précoce. Garçon, sache que quand tu ne dures pas sur femme, tu ne seras jamais respecté. Elle va te dénigrer auprès de ses amies. Mon médicalement coûte 2000 francs seulement. Ça s’appelle,  »elle va fi »… »

Le marchand présenta d’autres produits en vantant leurs efficacités… Or il y a deux mois, lorsqu’il était passager, il se plaignait de l’intrusion des marchands ambulants de médicaments dans les gbakas sans savoir, peut-être, que c’était l’activité qu’il allait finir par embrasser. Il s’agissait de Brou Anatole. D’ailleurs, quelqu’un se souvint de lui et lui rappela son insolence envers les docteurs des Transports en commun : « Ahi, je me souviens de vous ! Un jour que vous étiez mon voisin, vous chassiez les marchands de gbaka en les traitant de sales et leurs médicaments de faux. Les vôtres sont-ils vrais ? »

Notre vendeur baissa la tête.

Voyez-vous, dans la vie, on ne sait jamais. Il faut toujours respecter le métier des autres, quand ils ont choisi de se battre dans la loyauté. Ils crient dans les Transports en commun, et vous, ça vous enlève quoi ?

Anatole dénigrait des marchands ambulants tandis qu’à plus de 40 ans il était au chômage et squattait le salon de son oncle. Parfois aussi, ceux qui se montrent virulents envers autrui, sont des frustrés et de gros envieux…

Louis-César BANCÉ

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